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Les Grandes Dates

 

« Certains rapportent que lorsque Clovis amena le royaume franc jusqu’au bord de la Loire, il ne fut pas sans remarquer l’importance de cette butte», écrivait Marie-Antoine Mathieu, professeur qui écrivit une « Histoire du Château ».

Essayons d’évoquer tous ceux qui y vécurent ou contribuèrent à la vie de ce château. Deux cents ans après Clovis, quelques protagonistes apparaissent :

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En 932 : la maison d’Anjou, famille des Ingelgeriens, avec les Foulque « le Roux » 898-942, « le Bon » 958-960, « le Noir »  965-1040, « le Rechin » 1043-1109 et d’autre part les comtes d’Orléans notamment Robert 1er (865-923) famille qui donnera Hugues le Grand roi des Francs et Hugues Capet possédèrent ce château.

Vers 1020 de l’union de ces familles naît une fille : Hildegarde Hérou. C’est la première châtelaine de Montargis portant ce titre. Elle épouse Jocelin de la famille des comtes de Sens.

En 1069: Jocelin, devenu veuf, conserve le titre de Seigneur de Montargis. Il épouse en seconde noces Isabelle de Monthléry. Naîtra  un fils, Miles puis ce dernier aura un fils, Rainaud. Ce sont les Courtenay-Sens.

En 1139,  la fille de Rainaud, Elisabeth, épouse Pierre, fils cadet du Roi Louis VI le Gros. Les premières tours du château entourent maintenant le donjon et la chapelle Sainte-Marie. C’est la résidence des Courtenay-France.

En 1188, Pierre II, son fils cède le Château au roi Philippe-Auguste qui y crée cette puissante forteresse palais où il aime résider. Il offre ce domaine à son fils, le futur Louis VIII. Louis IX, Saint-Louis, passe sa jeunesse et séjourne 34 fois au château avec la Cour et sa famille. A nouveau possession du fils de Saint-Louis, Philippe III le Hardi puis Philippe IV, plus connu sous le nom de «Philippe le Bel », passent leur enfance en ses murs.

Les fils de Philippe le Bel sont trop préoccupés et n’y séjournent pas. Les Capétiens directs disparaissent, et les Valois prennent la relève.

En 1328 Philippe de Valois devient roi sous le nom de Philippe VI et conserve pour lui le Château. Si Jean II le Bon y réside peu, nous devons, grâce à son fils Charles V le Sage, la rénovation de la grande salle du château que Peiresc nous décrira en 1616 et l’édification du pont-levis en avant des tours des Courtenay. Il place une horloge monumentale,  la seconde de France, sur une des tours de la grande salle. L’autre horloge, qui existe encore, est celle du Palais de Justice de Paris.   

En 1380, Charles VI y séjourne. Vers 1395, il attribue le domaine en douaire à son épouse Isabeau de Bavière. Il lui retire pour le duc d’Orléans. Ce dernier  l’occupe dès 1404 mais il est assassiné en 1407 par Jean Sans Peur. Charles VII devient roi.

En 1427 Dunois, fils bâtard du Duc d’Orléans assassiné, libère le château  du siège des Anglais. En 1431, l’ayant conquis par trahison, un nouveau châtelain s’installe : François de Surienne dit « l’Aragonais » qui reconstruit la vieille tour. En 1438, contre espèces, il quitte le château. Si Charles VII ne fit qu’y passer, ainsi que Louis XI, Charles VIII « s’y délectait fort ».  Puis c’est l’oubli, à la Renaissance, Blois supplante Montargis comme résidence royale.

En 1560 Renée de France, fille de Louis XII, belle-sœur de François Ier, redonne un peu de vie au château pendant quelques lustres. Sa fille la duchesse de Nemours en hérite et les fils de celle-ci. Le château abrita les plus illustres protestants, l’amiral de Coligny, d’Aubigné, Henri de Bourbon futur Henri IV.

En 1575, décès de Madame Renée de France, duchesse d’Este, châtelaine de Montargis et duchesse de Chartres, sa fille Anne en hérite et devient Dame de Montargis.

En 1612, le château retourne à la Couronne. Ce retour voulut par Henri IV qui séjourna de nombreuses fois quand il était protestant n’a pu se réaliser plus tôt à cause de son assassinat. C’est son fils Louis XIII qui l’acquerra de Charles Duc de Mayenne, petit-fils de Renée de France.

En 1626 Louis XIII, le donne en apanage à son frère, Gaston d’Orléans.

En 1660, Philippe, frère de Louis XIV, reçoit le château en apanage ainsi que les duchés d’Orléans et de Nemours. Il aménage le château mais détruit le donjon et l’église Sainte-Marie. Il crée l’allée que nous connaissons actuellement.

En 1701 Philippe dit « le Régent », son fils, devient Châtelain de Montargis, Ducs de Chartres et de Nemours à la mort de son père. Il ne séjourne pas au château.

En 1723 Louis dit « le Pieux », son fils, devient Châtelain de Montargis, Ducs de Chartres et de Nemours à la mort de son père. Il ne séjourne pas au château.

En 1752 Louis-Philippe I dit « le Gros », duc d’Orléans et de Nemours ne séjourne pas au château.

En 1785 Louis-Philippe II devient châtelain de Montargis, ducs d’Orléans et de Nemours à la mort de son père. Plus connu sous le surnom de « Philippe  Egalité », nom qu’il se donna en 1792 séjourne au château qu’il transforme en cotonnerie. Il est exproprié en 1792. Après avoir voté la mort de Louis XVI, ses anciens amis le font guillotiner le 6 novembre 1793.

En 1790 le chancelier de Louis-Philippe "Philippe Egalité" ou le "Rgéicide" devient propriétaire du château de Montargis

En 1792, le Château devient domaine national. Le chancelier du Duc, l’amiral de La Touche-Tréville, (deux fois vainqueur de Nelson devant Boulogne,  mais qui meurt, hélas ! avant Trafalgar ), achète une partie du Château. Il installe dans la grande salle une filature de coton avec 400 ouvriers  ce qui sauve le château de la démolition exigée en 1794 par le citoyen Lefiot, représentant du peuple.

En 1809 le château est saisi, les héritiers de l'amiral de Latouche-Tréville obligés de vendre à la barre du Tribunal de Montargis.

En 1810, le château passe entre les mains de destructeurs : acheté par Massé associé à Pichot, Chardon et Trémier, il devient une carrière de pierres.

En 1837 La tour de l’horloge s’abat la veille de l’arrivée de la souscription que les Montargois avaient faite pour racheter les restes du château sous l’impulsion du peintre Girodet. Cette horloge qui indiquait le temps civil, installée par Charles V, était la deuxième horloge monumentale de France et d’Europe

En 1840, il reste presque plus rien du château royal de Montargis sauf la partie actuelle sauvée parce qu’ils ne purent en expulser une vieille locataire excentrique, la baronne Roger.

En 1841, les Filles Chardon vendent aux Soeurs Gardes-Malades de Notre-Dame Auxiliatrice de Montpellier les écuries et y téablissent une maison de fin de vie.

En 1896 Les filles de Chardon vendirent la partie actuelle à Madame de Clerval.

En 1897 Madame de Cintré, achète ces bâtiments et les restaure pour y abriter « l’Institution Saint-Louis »

En 1919 Madame de Cintré fait don du château à Monsieur l’abbé Lane, Supérieur de l’Institution St Louis.

En 1934, Monsieur l’abbé Lane cède le château à la SCI du château de Montargis.

En 2005, la SCI du château et les propriétaires du site s’unissent pour créer l’association pour la sauvegarde du château de Montargis qui entreprend la restauration du mur d’enceinte(XIIème) qui fait face à la Ville, la restauration de la crypte de l’église Sainte Marie (XIème) et des caves (XIIIème) ainsi qu’ une partie des jardins médiévaux dits « Jardins d’agréments » créés par un jardinier italien, jardinier du Roi, Jérome Teste (XVème) ; Ces jardins étaient un mélange de l’esprit médiéval et de l’art de la Renaissance.

2011 travaux de restauration du mur d’enceinte "Est" et de re-création des Jardins Renaissance française côté "ville"

2013 rehaussement d'une tour de l'enceinte "Est"

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Autour du Château Royal de Montargis

Les Grandes Dates

L'abandon du château

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La partie haute n'était plus qu'un amas de décombres, une seule tour encore debout et deux pans de murailles en marquaient seuls la place, le mardi 5 octobre 1837, cette tour s'éffondrait: "sapée par le bas elle s'effondra avec fracas sur elle-même couvrant de ses débris ceux amoncelés pour la vente; Nos neveux ne sauront même pas un jour la place où elle fut si longtemps" M Boutroux à propos de la tour de l'horloge.

Girodet, dans son poême "du Peintre", écrit avec mélancolie : "Montargis, vieux berceau des nobles fils de France, je n'ai donc pu ravir aux serres des vautours ton chateau romantique et tes guerrières tours.

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Victor Hugo est à Montargis le 3 octobre 1844 :

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"j'étais curieux (notes de voyages) de voir le chateau, ce magnifique chateau de Montargis, célèbre dans toute l'Europe, dont la Grande salle dépassait en longueur et en largeur la salle des Pas-perdus du Palais de Justice de Paris.

Je suis monté sur la colline par un escalier entre deux maisons, j'ai franchi une haute porte donjon du XIIème siècle, à archivolte romane, j'ai traversé plusieurs cours, et je suis arrivé ainsi jusqu'à une claire-voie de bois peintre en gris, fermant une allée d'arbres bas et touffus. J'ai poussé la claire-voie et je suis entré dans l'allée. Aubout de l'allée j'ai trouvé une maison, une grande maison triste et blanchatre, tapissée de figuiers, composée d'un seul étage avec un pavillon à toit pointu et une terrasse d'où l'on voit la ville et la plaine; du reste solitaire, lézardée, délabrée, close, barricadée et déserte.

L'abandon du Château

Le Jardin plein de hautes herbes, envahi par la ronce et l'ortie, avait comme la maison, quelque chose de farouche et sauvage. Je cherchais des yeux, à travers les branchages, les hautes tours, les machicoulis sculptés, les créneaux formidables du chateau de Montargis. Rien ne m'apparaissait. Enfin à force de fureter dans les broussailles, j'ai découvert je ne sais quels tronçons informes, des pans de murs rongés de mousse. J'ai fait qeulques pas dans la fougère mouillée et j'ai aperçu une brèche sous les buissons, le caveau circulaire, noir et vouté d'une tour. La tour était rasée. J'ai fait quelques pas encore et je me suis trouvé sur une vaste esplanade toute couverte de cigue et de bouillons blancs. Le fossé dégradé borde cette esplanade dont le contour ondule et dessine vaguement au regard le plan géométrique d'un grand édifice; des renflements arrondis indiquent la place de tours. J'avais sous les yeux le chateau de Montargis."

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Le Temps des Manufactures


L’absence d’hôtes prestigieux à demeure et une gestion administrative lointaine de l’apanage du duc
d’Orléans rendent l’utilisation de la « Grand’salle » de plus en plus rare, alors que le coût de son entretien
continue à peser de tout son poids. Ceci est également vrai pour le reste du château occupé partiellement
par quelques individus, dont un capitaine ayant une fonction de gardien.
Ce n’est qu’avec Louis Philippe Égalité - qui hérite de son père en 1785 - que le site du château - et la ville
en son entier - va connaître une vocation industrielle grâce à la croisée des trois canaux (Briare, Loing et
Orléans) qui permettent l’acheminement des matières premières et l’envoi de marchandises.

Déjà en 1788, à l’initiative de la société philanthropique dirigée par le Dr Gastellier et sous la protection du duc d’Orléans, une manufacture de couverture de laine voit le jour dans les anciennes écuries situées derrière la poterne.

Le Temps des Manufactures

À partir de 1789, le duc d’Orléans investit les bords du canal pour y construire une raffinerie de sucre, tandis que la « Grand’salle » du château est aménagée en filature de coton. Un autre atelier est également construit dans l’enceinte du château. 
Le lieu prend d’ailleurs le nom de « Montcotonnier » sous la Révolution. Le duc d’Orléans s’assure les services d’un mécanicien anglais, Jean Milne, qui a perfectionné la machine d’Arkwright – métier à filer pouvant être dirigé par des femmes ou des enfants – et qui nstallera peu de temps après, dans l’ancien couvent des Dominicaines, sa propre filature.
Pour éviter la saisie, et la perte de ses biens, le duc d’Orléans revend ses manufactures au comte de la Touche-Tréville, son chancelier, le 11 août 1790.
Cependant, la filature périclite très rapidement, probablement au tout début du nouveau siècle ; le retour à la vie militaire du comte de La Touche-Tréville, les aléas du blocus continental, les disputes entre les associés de la manufacture… en sont probablement les causes. 

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Une longue agonie

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Le 29 août 1809, le château est vendu à Jean Étienne Massé. En octobre de la même année, celui-ci passe les premiers contrats pour le démolir : il fait descendre les tuiles et ardoises, démonter les bois de charpente, démolir les murs, tours, escaliers, cheminées pour en récupérer les pierres et les briques, les fers et les plombs, … . 
Le 15 décembre 1809, un avis est passé dans le Journal de l’Arrondissement de Montargis proposant à la vente les matériaux extraits du château. Ils sont cédés à la pièce ou au mètre cube. 
En 1825, le château est vendu à trois individus qui se réunissent pour former une société : Louis Aubin Pichot, futur maire de Dicy, Charles Gabriel Alexandre Trémier, de Château-Renard, et Antoine Constant Chardon, de Montargis. Ceux-ci continuent la démolition du château tout en acquérant d’anciens bâtiments comme la conciergerie. 
En 1826, Trémier quitte la société en revendant ses parts à ses deux associés. 
En 1828, Chardon et Pichot se partage le château : Chardon garde les bâtiments subsistants (le gouvernement, la maison Vue du château en 1826 jaune, la conciergerie et la chancellerie ou filature) et les terrains tandis que Pichot pourra continuer la démolition des autres bâtiments pendant une période de 9 années. 
En 1836, les héritiers Chardon vendent le château à Charles Louis Salmon, notaire honoraire de Corbeilles. 
En 1837, la tour de l’horloge, dernier vestige de la « Grand’salle », tombe à son tour.

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Une Longue Agonie
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